Suite aux commentaires sur la conférence presse de fin d’année de M. Saleh Kebzabo (voir http://tchadforum.over-blog.com/2017/12/tchad-2017-saleh-kebzabo-dresse-un-tableau-sombre-et-s-inquiete-de-l-incertitude-qui-plane-sur-le-tchad.html ) , je voudrais attirer l’attention sur deux pièges à éviter et avancer deux problématiques essentielles.
Le premier piège consiste à faire croire que M. Kebzabo se serait attaqué aux « nordistes » et que ces derniers (les « nordistes ») sont globalement choqués ou gênés par ses propos . Les déclarations d’un homme politique suscitent inévitablement des critiques plus ou moins objectives, des attaques, des procès d’intention, parfois de la haine, en fonction du degré d’honnêteté intellectuelle et du niveau culturel des commentateurs.
Le second piège qu’il faut éviter, c’est d’être obnubilé par le phénomène de répartition des postes de responsabilité (curieusement appelé « géopolitique » au Tchad). Il sera très facile demain pour le régime de procéder à un « rééquilibrage » ethno-régional dans les appareils de l’Etat sans que la gouvernance se redresse, sans que le quotidien de la masse et de la jeunesse en particulier, s’améliore, sans que les discriminations et les humiliations dans le vécu quotidien cessent.
Le chef de file de l’opposition parlementaire aurait-il pu, aurait-il dû, employer d’autres formulations qui lui auraient évité de prêter le flanc à certaines attaques ? Sans doute, mais l’exercice n’est pas facile ; car comment parler de ces déséquilibres ethniques, régionaux, confessionnels, poussés jusqu’à la nausée, et qui sont une menace grandissante sur l’existence même du Tchad en tant qu’Etat, sans mentionner les noms des ethnies, des régions et des confessions ?
Pour ma part, j’écrivais en avril 2015 : « La loi de la République est écrasée par une hiérarchie ethno-confessionnelle à peine voilée : priorité aux nordistes sur les sudistes, aux musulmans sur les non-musulmans, aux ressortissants la région d’origine du président sur les autres nordistes musulmans, aux pasteurs sur les agriculteurs, et finalement, à la famille Itno sur tout le monde. Les agents de l’Etat et les prestataires de service réajustent en permanence leur comportement, en fonction de cette hiérarchisation complexe. » ( voir : https://yedina.net/2015/04/22/tchad-surenchere-militariste-fracture-sociale-et-myopie-francaise-site-du-journal-le-monde/ )
Au-delà de tout cela, je pense que l’étape du diagnostic est largement dépassée ( « ce n’est pas à un orphelin qu’on apprend à pleurer »). Il faut passer aux étapes suivantes, beaucoup plus importantes, en se projetant vers l’avenir, un meilleur avenir :
Le régime actuel ne brille pas par ses performances, notamment pour ce qui est de l’unité au sein du peuple; cependant, la tentative de construction de l’Etat national, depuis l’indépendance, est un parcours qui a toujours été marqué de failles et de dérapages, ponctués par des drames sanglants.
Aussi, Il nous faut une réflexion collective et en profondeur sur les racines socio-historiques du mal-être national.
Cette réflexion collective ne doit pas être un simple exercice intellectuel ni un thème électoral passager.
Elle doit viser l’élaboration d’un cadre, nécessairement nouveau, qui permettra de créer une dynamique nationale unitaire réparatrice.
Car si la responsabilité du pouvoir est primordiale, notre responsabilité à nous, « opposants », « démocrates », « élites » et autres « activistes », ne doit pas être éludée.
Acheikh IBN-OUMAR (Blog yedina , 28/12/2017)
Pingback: Le Tchadanthropus-tribune | #TCHAD #ACHEIKH IBN-OUMAR : MON «COMMENTAIRE SUR LES COMMENTAIRES » AUTOUR DE LA CONFÉRENCE DE M. KEBZABO DU 20/12/2017.·
Oui je suis d’aussi, car quand on est homme politique ayant une ambition à gouverner un jour ce pays, faire la difference des citoyens sur la base des ethnies, regions ou clan; c’est une erreur qui se transformera en une étiquette par une partie de ceux là.
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C’est dommage que tout le monde est tombé dans l’émotion. En plus Mr Sale Kebzabo n’a rien dit de nouveau je trouve qu’il est importé par la facilité et l’émotivité;aucune alanyse socio-politiques ou socio-culturelle de rigueur de sa part. Ce régime â utilisé tout les tchadiens dans leur ensemble qui que ce soit sudistes ou nordistes.
Le pouvoir de Deby â pratiquer la répression sur toute la couche socio-culturelle tchadinne sans exception du nord au sud ( marches brûlés , des villages incendiés , des puits d’eau empoisonnés …), des milliers de paysans ont été expropriés et chassés vers les bidonnvilles.
La question qu’on peut la poser, Mr Kebzabo est parlementaire.qu’elle est la responsabilité politique de ces législateurs tchadiens ? Pas un mot de sa part sur eux.Ok Deby et son gouvernement ou l’exemple de l’accord entre le gouvernement tchadien et Glencore. On sait très bien que la rente pétrolière permit à Deby d’assurer la stabilité de sa dictature de continuer à acheter des armes pour servir de supplétif à la france dans ses différentes interventions militaires en Afrique.Enrevanche de l’autre côté on a une Assemblée nationale qui lui sert à ligitime ses actions pour quoi participe t’on â cela?
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