POURQUOI CE NOM « YEDINA » ?

Extrémité de hampe cérémonielle en bronze. (source: Musée Branly)
« Donc vos Gaulois, ce sont les Sao ! »
C’était une remarque faite au président Tombalbaye, par le ministre de la Culture du général De Gaulle, l’homme de lettres André Malraux, lors de son passage au Tchad, en août 1960, dans la cadre de sa tournée de « distribution » des indépendances, dans les anciennes colonies françaises d’Afrique Noire.
Les Sao, était un peuple semi-légendaire, ou plutôt un ensemble de peuples selon les chercheurs, qui habitait un très vaste territoire centré sur le bassin du lac Tchad.
« Leur domination a pu s’étendre au nord jusqu’au Kaouar, au bord du Fezzan, à l’ouest jusqu’au Niger, à l’est sur le Bahr el Ghazal et le Fitri, au sud sur le Chari jusqu »à l’actuel Bousso. Ils auraient transmis, depuis la vallée du Nil, l’art de la statuaire d’argile et du bronze qui s’épanouira plus tard au Bénin. On leur attribue la construction cyclopéenne des murs en terre de Kano, dans l’actuel Nigéria. (Jacques LE CORNEC: « Mes mille et un Tchad », page 24,© L’Harmattan, 2002)

Collier incomplet en alliage cuivreux. Usage: Parure et usage funéraire.(source: Musée Branly)
Leurs descendants directs actuels sont les populations riveraines du lac Tchad : les Kanuri (ou Bornouans), les Kotoko, les Mandara, les Boudouma, etc. Non seulement, la mémoire de ces populations a conservé les récits et mythes puisant à la source commune, mais leur unité d’origine est attestée par les parentés linguistiques, les coutumes, l’architecture et l’artisanat.
Ces populations descendant directement des Sao représentent une fraction minoritaire des habitants de la République du Tchad; mais ceux-ci sont issus de brassages, à des degrés divers, entre les autochtones sao et les vagues successives qui ont traversé le territoire d’Est en Ouest et du Nord au Sud, au cours des siècles. Ce qui fait qu’ on peut dire que tous les Tchadiens ont une part de sang Sao.
Donc, pour nous Tchadiens, les Sao ce sont effectivement nos « Gaulois »
Sauf que les Gaulois n’avaient pas réussi à conserver le nom originel du pays -la Gaulle- devenue la France. Par contre le nom « Tchad » est un legs sao.
D’après Henri Tourneux, le terme cadOE / (prononcé « tchade »), signifie « grande étendue d’eau, lac Tchad », en langue des Boudouma .
Les Kanuri disent Tsâd. qui a donné / sadOE / puis / yadOE / et enfin [ yedOE ], prononcé « Yedi ».
« Yedi » dérive donc de « tchade » ou « Tsâd ».
Le suffixe « na », indique l’appartenance, la filiation .
C’est pourquoi, le « Boudouma » eux-mêmes ne s’appellent pas « Boudouma » (ce sont les Kanuris qui les appellent ainsi), mais se désignent par « YEDI-NA », les fils de Tsad/Tchade/Yade/Yedi, les fils du Tchad (le Lac), en d’autres termes, simplement…les « Tchadiens ». En sommes, tous les Tchadiens sont un peu des Yedi-Na, comme tous les Français sont symboliquement, et non génétiquement évidemment, des Gaulois.
Références:
– TOURNEUX, Henri: « Les noms des Sao« , LLACAN, Langages langues et cultures d’Afrique noire, ( CNRS-INALCO)
– LEBEUF, Jean-Paul et MASSON DETOURBET, Annie: La Civilisation du Tchad, Edit: Payot.

- Statuette de danseur masqué. Usage Funéraire, trouvé dans un sanctuaire. 9e 16e siècle Matériau: terre cuite (source: Musée Branly)
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passionnant!
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Ca renforce l’identité Tchadienne !!!
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Tchad ce ne pas un terme en arabe choua nina tchat tout les arabe ce sont rencontrer au lac tchad d apres ce que j ai entendue a kousseri au nord cameroune
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La version qui circule chez nos parents arabes est une construction assez récente, basée sur la ressemblance entre « tchat » et « Tchad », elle relève de la tradition orale mais çe n’est pas fondé sur le plan historique.
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